27 septembre 2008

Prélude - Part 2

La qualité de la peau indiquait que le document avait sans doute plusieurs centaines d’années. Et le jeune archiviste savait d’expérience que ce type de document était parmi les plus difficiles à déchiffrer. La peau était le plus souvent déchirée, le texte partiellement effacé, quand il n’était pas intégralement écrit dans un idiome inconnu.

Craignant de ne pouvoir s’échapper de cette cave aussi rapidement qu’il l’avait escompté, Mikel se rapprocha de la haute fenêtre qui dispensait dans la salle un jour blafard, froid, presque insuffisant à cette heure avancée, pour observer de plus près sa trouvaille
Il s’abstint néanmoins de maudire encore une fois les prêtres de Karsha, qui avaient refusé de lui fournir une sphère de lumière en ce lieu où toute flamme était évidemment prohibée, quand il constata avec soulagement que malgré son âge, le parchemin paraissait être en parfait état.

De même, le court texte qu’il y découvrit, tracé d’une main sûre et élégante, semblait dans sa plus grande partie rédigé en Ordrihn ancien, langue dont Mikel avait des notions suffisantes. Seules deux lignes étaient écrites dans un dialecte inconnu, mais il était certain que cela ne devrait pas l’empêcher de saisir la teneur générale de ce qui ressemblait à un poème. Il en écrirait sans difficulté une traduction rapide, avant de le classer

Il allait se mettre au travail, certain maintenant de partager avec ses amis une soirée qu’il se promettait inoubliable, quand son regard fut attiré par la signature qui s’étalait au bas du document, et à laquelle il n’avait pas prêté attention jusqu’alors.

Le jeune homme se figea d’un seul coup, comme s’il avait été foudroyé. Ses yeux restaient fixés sur cette signature, et une rougeur envahissait peu à peu son visage. Son immobilité était totale.
Puis, tout d’un coup, il se leva, roula le parchemin qu’il glissa dans sa toge, et se rua hors de la salle. Sans même penser à se munir de son manteau, malgré la fraîcheur automnale qui régnait dans les jardins, à l’extérieur de la bibliothèque.

Tandis que le crépuscule descendait sur la ville, la Salle des Oubliés, que toute vie avait maintenant désertée, sombra lentement dans l’obscurité.