13 octobre 2008

Chapitre 1 - The end

Au fond du vallon, la vingtaine de guerriers de Lokmar survivants terminaient de réorganiser leur ligne, se préparant à lancer l’assaut qui, sans aucun doute, serait le dernier.
Ariene sembla hésiter un bref instant, mais se reprit aussi vite, si bien que Solann se demanda si elle n’avait pas rêvé.
- Nous leurrer plus longtemps serait stupide, reprit-il d’une voix parfaitement maîtrisée. Il n’y a, à cet instant, d’autre salut que dans la fuite. Je vous confie ce qui reste de mon unité, ma Dame. Dirigez la retraite, pendant que je retiendrai là nos adversaires. Il faut absolument que quelqu’un rapporte cette escarmouche à l’impératrice.
Elle voulut protester, mais comprit que cela ne servirait à rien. Ariene était de ces seigneurs prêts à donner leur vie non seulement pour sauver celle de leurs hommes, mais aussi pour protéger l’empire, ce qui était peu fréquent en ces jours sombres. Aussi, par respect pour lui, elle choisit de se taire. Croisant une dernière fois les yeux voilés de larmes du chevalier, elle y lut une tristesse étrangement teintée de bonheur.
Elle porta son cor à ses lèvres, sonna la retraite puis, la gorge serrée, partit au galop, suivie d’Orion. Ariene resta seul face aux cavaliers à l’armure rouge.
Alors qu’elle s’éloignait, il la héla une dernière fois :
- Fuyez Madame ! Allez prévenir l’empire que la nation de Lokmar s’est réveillée !
Puis elle crut entendre un chant s’élever vers les nues. Surprise, elle se retourna. Le chef des Lanciers Dragons était toujours là, unique rempart entre sa petite troupe et les derniers gardes de Roar. C’était lui qui chantait une mélopée lancinante, tandis que son épée traçait un chemin de mort au milieu des ennemis qui l’assaillaient maintenant. Au dessus de la mêlée, le ciel, jusqu’alors d’un bleu uni, se voila subitement d’inquiétants nuages noirs.
Tout se passa alors en un instant, instant qui resterait à jamais gravé dans l’âme de Solann : le général poussa un grand cri, note ultime de son chant, tout en pointant sa lame vers les cieux. Un éclair en jaillit, suivit d’une formidable explosion qui masqua le fond du vallon. Quand la fumée provoquée par la déflagration se dissipa, les survivants abasourdis ne virent plus qu’un profond cratère au centre duquel se trouvait un corps étendu, immobile, vêtu d’une armure blanche, serrant une lame brisée.
Dans son dos, Solann entendit un des Lanciers Dragons restants fondre en larmes et, sans pouvoir s’en empêcher, elle fit de même. Pour elle, le paysage n’avait plus rien de magique.