6 octobre 2008

Chapitre 1 - Part3

Puis les premières silhouettes commencèrent à apparaître et, bientôt, la troupe toute entière des Lanciers Dragons, les Tordrïn, se découpa sur le ciel, leurs armures d’argent étincelantes au soleil matinal. Groupés en ordre d’attaque, immobiles comme des statues, les soldats d’élites attendaient.

Alors s’avança devant eux un cavalier, plus éblouissant encore que les autres, que Solann reconnut immédiatement. C’était le général Ariene, de la lignée d’Ohes, l’un des plus puissants seigneurs de l’empire, et aussi le dernier représentant des sorciers combattants. Si de nombreuses histoires courraient à son propos, la guerrière avait une affection particulière pour la légende selon laquelle il n’allait au combat que si aucun autre choix n’était possible, versant une larme pour chaque adversaire tombé sous son épée. Si elle avait toujours trouvé la seconde partie de cette histoire quelque peu mélodramatique, elle avait choisi d’y croire, simplement car l’idée la séduisait.

Larmes ou pas, le bras d’Arien ne trembla pas lorsqu’il le pointa vers le ciel, annonçant le début de la charge, ni quand il s’élança à son tour, accompagné de la vague de lumière mortelle que formait sa troupe.
Autour de Solann et d’Orion, un murmure apeuré enfla tandis que les Naldohls voyaient les cavaliers de l’empire fondre sur eux. La débandade fut totale. Seules restèrent quelques créatures, moins effrayées par la charge des lanciers que par le sort que réservaient les bourreaux de Lokmar aux déserteurs.

Mais la guerrière sentit un profond désespoir étreindre son cœur comme elle découvrait combien peu de combattants le Farlinden avait dépêchés pour leur venir en aide : ils ne devaient pas être beaucoup plus d’une cinquantaine. Et derrière eux, elle ne voyait arriver aucun autre soldat. Il lui avait cependant semblé être plus qu’insistante dans ses appels au secours répétés. Ce qui tuerait sa patrie, songea-t-elle tristement, ce serait son dédain de l’adversaire, sa trop grande fierté. Mesurant leur supériorité numérique les Gardes de Roar talonnèrent à nouveau leurs montures, accompagnant leur charge de puissants rires rauques.

Le choc fut d’une violence terrible. Les lanciers Dragons se battaient avec férocité. Autour d’eux, les cavaliers rouges tombaient, fauchés par la furie de leurs épées, leurs chevaux s’enfuyant en hennissant de terreur. Mais ils étaient désespérément inférieurs en nombre et, si pour l’instant ils parvenaient à contenir l’ennemi, Il était toutefois évident que, s’ils ne recevaient pas de l’aide au plus vite, ils seraient submergés.

Solann lança un cri de guerre et se jeta sur les derniers Naldohls, complètement hypnotisés par la bataille qui se déroulait à quelques mètres d’eux. Pris en tenaille entre elle et Orion, ils n’offrirent aucune résistance. Les survivants s’enfuirent sans demander leur reste. Elle se retourna alors pour voir où en était le combat, et son cœur se serra. Les Lanciers Dragons avaient déjà durement payé le secours qu’ils leur avaient apporté : en dépit de leur valeur, presque la moitié d’entre eux gisait sur le sol. Les autres ferraillaient sauvagement, essayant de faire barrage à l’assaut des armures rouges. Car les soldats de Lokmar, encore bien trop nombreux, avaient senti que leurs adversaires étaient à bout de force. Ils tentaient de les encercler. S’ils réussissaient, c’en était fait des renforts de l’empire.